LE FOOT AU CAP





LE FOOT AU CAP

par AMBROSINO Sylvestre

Avant les Championnats d’Europe de Football et  les Jeux Olympiques, nous nous sommes rencontrés :
A Montauroux, dans le Var, chez notre ami Ginés BARRIOS connu pour ses talents de Basketteur. Qui ne se souvient de ses tirs à distance faisant « mouche » à tous les coups.
Au cours du bon repas servi par nos hôtes nous avons fait un tour de table entre anciens équipiers footballeurs (AMBROSINO, DELIA, DIEHL) sur notre passion commune : le Football.
Nous avons recomposé l’Equipe de France, passé en revue les Entraîneurs et Joueurs ; ce qui fût une bonne introduction au sport roi de notre Ecole .Il nous est donc venu l’idée de faire revivre à nos collègues et fidèles supporters nos plus belles pages de gloire.
A Playa d’Aro, j’ai retrouvé, avec Séguy Yves et Valentin Jean-Pierre, quelques « Anciennes gloires sportives » (GATTO, SEGUI Emile),  issus de Promotions antérieures à la notre (1950-54). Au petit déjeuner, nous avons évoqué tous les événements concernant les Epopées sportives de notre établissement scolaire. Cap Matifou possédait une pépinière de compétiteurs dans tous les domaines sportifs. (Football - Basket-ball – Handball - Volley-ball – Athlétisme - Etc. avec des réussites diverses). Nous avons donc demandé à Antoine PALOMAR de nous réserver à chaque édition du journal quelques colonnes consacrées aux sports.
Le sport était de partout dans la vie, tout le monde y participait. Qui ne se souvient des championnats interclasses omnisports?
Ils étaient organisés au 3e trimestre et avaient un énorme succès ; nous pouvions pratiquer les sports de notre choix.

Nous allons commencer par le Football que je m’efforcerais de vous narrer.

Nous ne pouvons parler « Football » sans omettre de citer le plus grand joueur de Notre Ecole, il vient de Perrégaux et c’est : Yvon GINER.

De la promotion 1951-1955, nous lui prédisions un avenir prometteur à ce jeune footballeur de la PGS.
Nous prenions le même train le samedi soir, lui en compagnie de ALCARAZ, CHEVALLEREAU, NAVAS et RICO, direction Perrégaux, et moi  Blida.
Nous vous parlerons de notre ami GINER par la voie de DIEHL André notre très brillant gardien de but surnommé « Casino » évoluant au Red Star Algérois.
Pourquoi ce surnom ? Il reflétait ses pantomimes sur le terrain. Avec le décalage, nous nous apercevons qu’il avait une similitude avec Fabien BARTHES :

  1. Sa maîtrise dans la surface de réparation
  2. Ses sorties aux pieds
  3. Ses relances à la main
  4. Ses montées sur les buts adverses pour placer son dangereux coup de tête

Je vais tout d’abord essayer de situer ce sport à « notre époque », avec un recul de cinquante ans, dans un pays où le gazon n’existait pas et où les règles de jeux étaient complètement différentes.
A mon entrée à l’E.N.P.A. en Octobre 1950, je savais que j’allais continuer et perfectionner mon Football car d’illustres joueurs blidéens m’avaient précédé :
(Armand MORENO et Camille DELIA) qui m’apportèrent leurs soutiens de l’extérieur pour Armand, de l’intérieur pour Camille.
La sélection, pour appartenir à l’équipe fanion, était très rigoureuse ; tout d’abord il n’y
avait que onze joueurs pouvant figurer sur la feuille de match, puis les anciens, appartenant encore à la catégorie des juniors , qui avaient acquis l’expérience de la compétition depuis quelques années, étaient prioritaires .L’entraîneur était notre professeur d’Education Physique IMBERNON .
Il n’y avait pas de 4- 4- 2 ou 3-4-3 ou 5-3-2 ou 5-5-1, des joueurs de couloirs, libéro, stoppeur comme dans les nouvelles techniques de jeux, mais des : Arrières, Demi centre, Demis ailes, Inters, Avant centre et Ailiers.
Les tactiques avaient pour noms : le WM, le Béton. Les Inters et Demis formaient le « Carré magique »
Les ballons étaient en cuir avec des lacets apparents de la même matière. Leurs caractéristiques étaient d’être lourds surtout les jours de pluie et dangereux pour ceux qui avaient le courage de mettre la tête sur un shoot puissant.  Le tireur de coup franc positionnait son ballon le lacet dirigé vers le goal.
Les souliers étaient très rigides avec la pointe renforcée. Il n’y avait pas de crampons mais des barrettes clouées à la semelle que l’on martelait pendant la partie pour ne pas courir le risque d’être blessé.
 Le goal portait des genouillères des coudières et un tricot rembourré.
Pour stopper un adversaire nous n’utilisions pas le « tacle » actuel car la blessure serait immédiate pour le
« tacleur », le terrain en mâchefer ou tuf était  intransigeant.
A cette époque un joueur blessé devait s’exiler à l’aile ou sortir du terrain avec impossibilité de le remplacer. Quelques fois une injection de novocaïne dans la cheville permettait d’apaiser la douleur et de rendre un petit service à l’Equipe.
Le repos hebdomadaire était le jeudi et le championnat scolaire s’inscrivait ce jour-là.
Pour la saison 1952-53, qui devait conduire le champion régional aux Jeux Universitaires de Sidi-Bel-Abbès, le règlement changeait pour le département; la licence scolaire devait être unique il fallait donc opter pour le scolaire ou le championnat d’Alger des clubs.
Nous avons choisi le bateau Universitaire pour disputer âprement le Championnat.
Tout d’abord les environs d’Alger et Alger avec leurs équipes célèbres :
Collège Technique d’Alger, Ecole Normale de la Bouzaréah, Lycée Agricole de Maison Carrée, Lycée Bugeaud…, Dellys et Tizi-Ouzou.Puis les qualifications pour les  Jeux Universitaires qui devaient avoir lieu à Sidi-Bel-Abbès. Tout d’abord nous avons rencontré, au Stade des Quinconces de Boufarik, le Lycée Duveyrier de Blida, mon ancien établissement Scolaire.
Notre équipe l’emportait sur un score sans appel de 3 à 0.


ENPA Cap Matifou 3 Lycée de Blida 0

Debout : Razeau (Professeur d’Electricité), Lopez Néné, Délia (Conseillé technique) Rico,
Guizzoni, Bruel, Rousseau (Professeur d’Education Physique), Di Martino, Navas, Golvin, Valentin
Accroupis : Mentalecheta, Lliort, Kébylène, Rey, Ambrosino, Amar

Pour participer aux Jeux il fallait franchir le cap de Sétif. Toutes les Equipes antérieures de notre école avaient buté sur cet obstacle, non pas par la qualité technique de son équipe mais par la rudesse des interventions de leurs joueurs et le chauvinisme du public. Le chauffeur de notre car CARDONA emportait toujours par précaution la manivelle du bus. Quant à notre gardien HARO, il n’oubliait jamais son sifflet en cas d’absence d’arbitrage.
A chaque déplacement mon ami Camille DELIA nous apportait sa sagesse et le sens de la Technique. Il avait participé aux précédentes rencontres contre cette équipe et il en gardait un très mauvais souvenir des défaites
Après un départ dans la joie de notre école.

 

Prêts pour l’embarquement (de Gauche à droite)

Premier rang : Valentin, Rey, Navas, Lliort, Kebylène, Cardona
Deuxième rang : Bruel, Délia, Mentalecheta, Guizzoni, Ambrosino, Golvin, Amar, Di Martino

A l’échauffement notre gardien Michel GOLVIN se sentait fatigué mais tenait quand même son poste pour cette rencontre capitale. Puis au cours de la partie Alain DI MARTINO devait nous quitter pour cause de blessure très grave.
Je vais vous situer exactement la situation de notre équipe junior à la veille des Jeux .Nous formions au départ un groupe homogène, mais hélas au cours de la saison des blessures passagères  des blessures très graves, surtout celles survenues  à notre gardien de but Michel GOLVIN et à notre demi Alain DI MARTINO nous handicapèrent puisqu’ils devaient quitter notre formation après notre match de Sétif. J’ai toujours en mémoire l’accident d’Alain, qui intervenant de la tête sur une balle aérienne, s’est écroulé à mes côtés après une mauvaise réception au sol. Ce fût horrible de constater l’état de sa jambe.
Nous avons récupéré Georges RAMIREZ, goal de l’équipe de Hand que nous avons dû remplacer, suite
au match de préparation contre Dellys à la suite d’une blessure au genou, par DESROSIERS gardien de l’équipe « Cadet ».Nous fîmes appel à BRUEL attaquant de cette même équipe pour remplacer Alain.